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Journal Extime de Max Memmi

  • Un bel article au sujet de mon dernier livre

    Le Populaire du Centre a publié un article élogieux au sujet de mon dernier livre, Un pas de côté, écrit à deux mains avec Brigitte Dupuigrenet Desrousilles.

    Un pas de côté, article du journal Le Populaire du Centre du dimanche 18 férvrier.jpeg

  • La violence

    Je suis désespéré face au spectacle de toute cette violence qui se déchaine partout dans le monde, quelle tristesse et quelle désolation, cette haine stérile cessera-t-elle un jour ?

    Je délaisse mon blog parce que nous sommes submergés d'informations, et je me dis à quoi bon ajouter encore des commentaires? Ce qui ne m'empêche pas de continuer de lire et d'écrire avec autant de passion. Ainsi, je relis TOUT Proust et c'est un vrai régal et je corrige mon dernier manuscrit "Albert Memmi et le reste de la tribu", un livre que j'ai entamé depuis plusieurs années, dont j'avais soumis le plan ( une douzaine de chapitres) et la  première centaine de pages sur les 300 environ, à mon frère Albert bien avant qu'il ne nous quitte le 22 mai 2020, et comme il m'avait vivement encouragé à poursuivre...

    J'espère que ce livre verra enfin le jour cette année.

  • Mon tout nouveau livre

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    Je vous présente mon 12e roman et mon 17e livre, "Un pas de côté", mais celui-là est véritablement jubilatoire, une histoire d'amour passionnante, pleine d'émotion mais où l'humour, les commentaires sur l'art, la littérature, et la vie tout court,ne manquent pas non plus.
    Écrit à deux mains avec une co-auteure inattendue, Brigitte Dupuigrenet Desroussilles, qui possède un Doctorat en littérature comparée, et des talents littéraires exceptionnels, une sensibilité bouleversante.
    Je suis très fier du résultat de notre travail.
    Un livre à lire sans tarder.
    Comme pour tous mes livres précédents, vous pouvez commander ce dernier à votre libraire habituel ou même à un point presse, ou à la Fnac où il serait déjà disponible, ou à notre éditeur parisien Les Éditions Orizons, 25 rue des Écoles Paris 5e ou son diffuseur Les Éditions l'Harmattan, 5 rue de l’École Polytechnique Paris 5e .
    Je peux également vous l'adresser avec une dédicace.
    max-memmi(at)wanadoo.fr   
     
     
  • Joie et tristesse

    Tout le monde ne peut que se réjouir de cette trêve humanitaire conclue entre l'Etat israélien et le mouvement Hamas, qui va permettre à une partie de la population palestinienne de souffler un peu , et à des personnes détenues prisonnières par les deux camps de retrouver enfin leurs familles, mais ce qui est triste et angoissant, c'est que cette trêve va se compter seulement en jours et non en semaines ni encore moins en mois, et que chacun des camps continue de rêver de détruire l'autre.    

  • Terre natale, religion, identité, nation et peuple.

    Terre natale, religion, identité, nation et peuple.

    Voilà les thèmes de mon prochain essai ( auquel je m’attellerai dès que j’aurais bouclé le livre volumineux sur « Albert Memmi et le reste de la tribu » qui est en voie d’achèvement, au stade de la relecture)  et, en attendant, paradoxalement, alors que je devrais, au contraire , me rapprocher d’eux, pour mieux les comprendre, depuis quelques semaines, j’ai décidé de prendre sérieusement mes distances avec tous ces gens, proches ou non, qui parlent trop de leur religion, leur judéité, chrétienté, islamité (je cite dans l’ordre de leurs apparitions dans la vie de l’Homme), non seulement je ne me sens pas concerné, parce que je refuse toute appartenance à une quelconque religion, mais j’ai du mal à comprendre leur attachement, souvent viscéral, à leur religion, j’essaye de trouver des explications : peur du vide ? Ne pas pouvoir se raccrocher à une croyance qui les rassure et les apaise, les unir à un rituel solide qui accompagnerait leur existence ? Besoin impérieux de croire à un homme providentiel (prophète détenant une mission de Dieu lui-même, Abraham et Mahomet ou Jésus considéré comme le vrai fils de Dieu ?) assimilé à un dieu tout puissant ? Se rassurer en sachant qu’on fait partie d’une communauté solidaire ? Oui, mais seulement solidaire à l’intérieur de chaque communauté. Chaque adepte de sa religion étant persuadé que sa religion est la meilleure, que celle d’autrui qui serait, elle dans l’erreur, sinon dans l’impie.  On est loin de l’étymologie du mot religo, religâre, qui signifie lien, relier, puisque, hélas, l’Histoire est là pour nous le rappeler, que les religions ont toujours divisé les hommes jusqu’à les pousser à s’entretuer entre eux, au nom de leur foi.

    J’ai décidé aussi, dans le même temps, de prendre mes distances vis-à-vis de tous ceux qui ne parlent que de leur terre natale, qui expriment leur nostalgie, voire leur mélancolie de cette perte qu’ils qualifient de douloureuse, certains vont jusqu’à parler de catastrophe, jusqu’à l’obsession. Je ne comprends pas leur tourment, alors que je sais de quoi ils parlent, puisque j’ai, moi-même, quitté le pays où je suis né (ils disent terre natale, mais si la terre natale pour certains se situe dans le même pays , ou dans la même ville où ils vivent, et qu’il sont heureux, alors oui , qu’ils soient attachés à cette terre natale, pourquoi pas !) mais comme eux, cela remonte à plusieurs décennies.  Je trouve alors que cette culture permanente de la perte, enracinée comme une plante toxique, au plus profond de leur être, est nocive et totalement improductive. Elle ne permet pas d’avancer. Anxiogène aussi. Je dis cela parce que je ne me sens pas concerné, Je suis un citoyen d’une nation érigée en république et profondément démocratique, qui m’accorde les mêmes droits et privilèges accordés aux autres citoyens, et j’aime cette nation, je n’en ai pas et n’en ai jamais eu d’autre. Car, c’est peut-être dur à entendre pour certains, mais pour parler-vrai,  en Tunisie, mon pays natal donc, bien obligé de l’admettre, j’avais l’impression de vivre en sursis, en suspens de quelque chose, d’un événement majeur que j’attendais fébrilement, et quand le gouvernement, très légitimement,  a décidé d’introduire l’arabe dans tous les rouages de la vie, de remplacer le français- qui leur avait été imposé pendant la colonisation-  par l’arabe, leur langue maternelle,  dans tous les imprimés et formulaires de l’Administration, moi, alors rédacteur principal à la très officielle Agence Comptable centrale du Gouvernement tunisien, du jour au lendemain, je devenais analphabète dans ce qui était, théoriquement,- mais légitimement ? -  mon pays. De plus, je comprenais bien que je devenais un étranger indésirable, alors même que j’étais, en ces temps-là, encore tunisien, comme la grande majorité de la population, mais pas musulman comme eux. Pour être un citoyen à part entière, il fallait être tunisien ET musulman. Un temps, je me suis même senti en danger, physiquement et psychologiquement. Je commençais à douter de mon identité. D’où mon aversion des religions, de toutes les religions, surtout lorsqu’elles se mêlent de régenter la vie publique forte de sa qualité de religion d’État, ce qui devenait le cas de la Tunisie, puisque les nouveaux maîtres l’avaient inscrite dans leur toute nouvelle constitution.   

    L’événement que j’attendais s’éclairait enfin, je devais aller vivre au sein d’une nation, où, premièrement, chaque citoyen a les mêmes droits, quelle que soit sa religion ou même s’il refuse d’en endosser une, ou qu’il ait aussi le droit d’afficher son athéisme, et secondement, dont la langue correspondait avec la seule que je connaissais : le Français. Mes dicos me précisaient qu’il existait 29 pays francophones dans le monde, c’est-à-dire où le Français est reconnu comme langue officielle. 

    Je pouvais m’installer en Belgique ou au Luxembourg, tout proche de cette France qui me fascinait pour son patrimoine culturel, mais où on disait que la vie y était compliquée, logement, et emploi difficile à acquérir, ou m’exiler au Québec, dont j’aimais l’architecture, mais pas le climat, ou alors dans un des départements français d’outre-mer, où la température est plus clémente, proche de celle à laquelle mon corps  était déjà  habitué, pendant mes vingt premières années, comme La Martinique ou 13000 kms plus loin, à l’île de la Réunion.

    J’ai choisi la France métropolitaine. La France n’est donc pas mon pays par nature, mais par destination, comme disent les juristes, un choix du cœur et aussi, surtout de l’esprit. J’ai intégré dans mes gènes sa culture et son sens de la liberté. Je ne parlerai pas des deux autres composantes de sa devise qui sont l’égalité et la fraternité (devise qui figure à l’article 2 de notre Constitution,) car, cela mériterait de longs développements, ces deux droits me paraissant loin d’être appliqués.

    J’ai donc choisi la France, mais je n’ai pas choisi d’être juif. Je ne suis juif ni par nature, ni par destination, mais par obligation, c’est-à-dire, que je le veuille ou non, je suis juif et le resterai jusqu’à ma mort. Pour tenter de comprendre cette religion, dont j’ignorais à peu près tout, et tenter surtout de déterminer la part de judéité qu’il peut y avoir en moi, j’ai écrit, en 2017, tout un livre sur ce sujet « Être ou ne pas être juif ? Telle est la question. Pourquoi ? » qui a bénéficié d’une préface élogieuse de Pascal Bruckner, philosophe et écrivain traduit dans plus de trente pays. Je n’y reviendrais donc pas ici.  

    Je veux simplement affirmer que cette France, où je vis à présent depuis presque 70 ans, sur le terreau que j’ai façonné, m’a accueillie et m’a tout apporté et aussi, ce n’est pas rien, m’a réconcilié avec moi-même, en gommant les contradictions qui me taraudaient.

     C’est sur cette terre que sont nés mes enfants, les enfants de mes enfants, et les enfants des enfants de mes enfants. Tous sont solides, et pour celles et ceux en âge de travailler, occupent des fonctions gratifiantes, le sentiment, un peu prétentieux, d’avoir ainsi remboursé une partie de ma dette à la France, sans compter l’ouvrage « La France en partage » que j’ai publié en 2015.  Enfin, c’est sur cette terre de France que sont enterrés mon père , ma mère et toute ma fratrie.

    Et, contrairement à mes deux autres frères, Albert et Georges, où la Tunisie est omniprésente dans tous leurs livres, la Tunisie n’apparaît dans aucun des miens, qu’il s’agisse de mes romans ou de mes essais. Je ne suis pas un nostalgique du passé.  

    C’est pourquoi, je ne comprends plus les autres, je veux parler de ceux qui vivent en France, mais qui ont leur esprit ailleurs, je les vois enfermés dans une prison virtuelle infernale, les yeux tournés vers des horizons inatteignables, écartelés entre plusieurs cultures, qui les obligent quelquefois à traduire leur état d’âme dans des livres que je trouve tantôt tristes, tantôt naïfs, en tout cas navrants, car leurs auteurs semblent n’être bien nulle part, sujet qui, du reste, prolifère depuis quelque temps.

    Je veux, quant à moi, vivre dans l’universalité, être un citoyen, frère en humanité avec tous mes congénères.

    En conclusion - une conclusion très provisoire, puisque mes propos d’aujourd’hui ne représentent que l’esquisse de ce que sera mon prochain livre, naturellement plus ambitieux - ces gens – parlant de religion et/ou nostalgique de ce qu’ils appellent leur terre natale perdue- m’indisposent ; j’ai donc décidé, ai-je dit, non pas de les fuir, ce serait excessif, mais de m’en éloigner, parce que j’ai peur de leur enfermement, de leur certitude en leurs croyances qu’ils appellent leurs valeurs, voire même leur richesse.

    Tant pis, si, à côté d’eux, je peux paraître très pauvre. C’est le prix de ma liberté. Je suis libre de ne pas être attaché à un « ailleurs » utopique. Leur écartèlement me donne le vertige.

    Si je mets de côté leur ironie, leurs railleries ou leur agressivité en réaction à mes propos, ou encore leur mépris, dans le meilleur des cas certains préféreront le débat - et je m’en réjouis, je suis terrifié par toute forme de violence-, ils m’opposeront la notion de peuple. L’appartenance à un peuple respectant la même religion, auquel il convient de rester fidèle. Par respect pour les ancêtres.

    Or, précisément, je ne crois pas à l’existence de peuples. Je pense qu’il s’agit d’une pure invention de l’esprit. Je prends le risque de m’attirer les foudres les plus meurtrières. Comment ? vous contestez la notion de peuples ? Pas de peuple arabe, pas de peuple chrétien ? Pas même de peuple juif, alors même que ce dernier se prétend être LE peuple élu ?
    Foutaise ! Il y a seulement des citoyens de nationalités différentes selon la nation dans laquelle ils ont toujours vécu, ou dans laquelle ils se sont intégrés, et, pour la majorité d’entre eux, dans laquelle ils se sont totalement assimilés. Et, parmi ces citoyens - qui forment une nation- certains sont chrétiens, juifs ou musulmans ou d’autres confessions religieuses non monothéistes, et d’autres refusent farouchement toute appartenance à une quelconque religion, j’aimerais bien appartenir à cette dernière catégorie, si cela est possible et acceptable pour ceux qui me connaissent. Et ce n’est pas parce que des citoyens d’une même confession – juive, chrétienne ou musulmane, ou hindouiste, ou que sais-je encore ? – qui vivent dans des pays différents, voire des continents différents, appartiendrait à un même peuple. Qui y a-t-il de commun par exemple entre un juif tunisien, un juif danois, un juif caldoche, un juif soudanais, un juif ukrainien ? Seulement la pratique – et encore faut-il qu’ils soient pratiquants, car la majorité d’entre eux ne le sont plus- de la même religion juive, mais cela ne fait pas, pour autant, un même peuple, car ils sont loin d’être de la même origine, issus du même terreau.  Et ce que je dis des Juifs est naturellement valable pour les chrétiens, les Musulmans, etc. Cette notion de peuple me dérange et m’agace, car historiquement et démographiquement, elle ne tient pas la route, et surtout elle va contre le sens du progrès, de l’harmonie, de la paix, bref, au risque de déplaire, je revendique la notion de nations et non pas de peuples. Et évidemment, par ailleurs, ce qui forme une nation, c’est sa population, et dans ce cas seulement, je peux ajouter son peuple, mais toutes origines et toutes religions confondues. Je refuse d’admettre l’idée que c’est la religion commune d’une population qui justifierait l’existence d’un peuple, qui en serait le ciment, même si cette population est dispersée aux quatre coins de la planète. On n’appartient pas à un même peuple parce qu’on pratique la même religion.

    N'est-ce pas parce que certaines gens ne veulent pas admettre cette notion capitale de nation, et s’entêtent à préférer leur identité religieuse et leur rattachement à un peuple utopique, que, précisément, la notion d’identité se brouille, jusqu’à se dissiper et disparaître ? Ce qui a contraint Nicolas Sarkozy, lorsqu’il était Président de la République à créer un véritable ministère de l’identité nationale. Triste et navrante décision imposée par le désordre de ceux qui vivent en France, mais ne l’aiment pas. Je les plains.

    Enfin, reste la question de la double nationalité ,que d’aucuns revendiquent, parce qu’ils souhaitent ardemment conservé leur nationalité d’origine, continuer d’aller régulièrement se ressourcer dans les eaux qui baignent le pays où ils sont nés,  et se fondre au milieu d’une partie de leurs familles restées au pays, et en même temps vouloir adopter la nationalité du pays qui les a accueillis et où ils sont heureux de vivre : je respecte très fondamentalement ces gens, lucides et sincères, en paix avec eux-mêmes. Ceux-là au moins ne passent pas leur temps à geindre sur leur terre natale perdue.

    Ce qui m’amène tout naturellement à évoquer cette notion de diaspora, vaste question, car renvoyant à la notion de peuple dispersé, consenti ou imposé, cette question me met mal à l’aise. Il me faudra comprendre les raisons de cette mise à distance.