Après la lecture d'un 5e roman ( Villa triste, Pedigree, Livret de famille, Rue des boutiques obscures et l'Herbe des nuits, j'ai abandonné Modiano hier soir parce qu'il me donnait un peu le vertige et décidé de relire...Le côté de Guermantes de Proust. Pas de quoi me soulager les méninges, direz-vous, mais bon, je ne me suis jamais lassé de cette drogue proustienne. J'ai choisi une édition"populaire" en livre de poche parue en septembre 94, parce que plus facile à manipuler, sans risque dans tous les coins de la maison et du jardin. Une préface me rappelle quelques jalons biographiques ( né le 10 juillet 1871 et mort le 18 novembre 1922 à l'âge de 51 ans), de parents de la grande bourgeoisie de l'époque,( père professeur de médecine réputé pour ses travaux qui avaient permis de vaincre le choléra et frère ( Robert son cadet de 2 ans) d'un éminent gynécologue; de santé fragile ( asthmatique à partir de l'âge de 9 ans) et d'une sensibilité à fleur de peau, mais totalement à l'abri financièrement grâce à la fortune familiale, ce qui permet à Proust de vivre de façon fastueuse voire même dispendieuse. Même si, apprend-on, il travaille d'arrache-pied à son œuvre future, Du côté de chez Swann, ( premier volet des sept romans qui constitueront cette splendide fresque, regroupée sous le titre, mondialement connu: A la recherche du temps perdu) ne sera achevé qu'en 1912, dix ans seulement avant sa mort, et qui sera publié à compte d'auteur, faute de pouvoir convaincre les éditeurs de l'époque, l'accueil sera en effet mitigé jusqu'au jour, bien plus tard, où André Gide le premier s'enthousiasmera pour cette œuvre magistrale, aujourd'hui universellement reconnue et Proust lui-même comme l'un des plus romanciers français du 20 e siècle.
Et pourquoi Modiano ? Parce dans cette même préface, je lis que Proust passe beaucoup de temps à enquêter autour de lui à la recherche de ce fameux temps perdu qu'il n'a de cesse que de vouloir recréer. Et il est vrai que toute l’œuvre de Proust s'ordonne autour de l'exploration de la mémoire de son narrateur, ce qui permet les digressions, les retours en arrière et qui relate moins des faits( rien de transcendant et de très passionnant en tous cas) que des sentiments, des souvenirs, sensations, arrivant ainsi à recréer une réalité disparue dans l'inconscient.
Et après être imprégné de la lecture de quelques romans de Modiano, je suis saisi par la similitude du travail - et des obsessions- des deux écrivains à un demi siècle de distance.
Modiano un héritier de Proust? Il me faudra beaucoup lire avant de conclure.