Le retour à la maison,étourdissant, vertigineux. Tout me paraît trop grand. Ces espaces, ces volumes, ces murs couverts de livres, meubles étranges qui paraissent trop nombreux et inutiles. Mais le parc, ah, le parc, il m'attire comme une amoureuse. Malgré la grisaille du temps, qu'il est bon de déambuler dans mon parc. Entendre le murmure de cette nature qui est en train de muer. Voir se balancer dans le vide les grosses feuilles jaunes de l’Érable, symbole du Canada, celles plus légères mordorées de mes chênes majestueux plusieurs fois centenaires, aux tronc noueux comme des pachydermes. De répondre à mon tour, par une caresse, un mot d'amour à chacun de mes arbres, à chacun de mes arbustes, à chacune de mes plantes. Y frotter mon visage et surtout mon nez quand je sais que je vais être gratifié par des parfums si odoriférants. Celui de la Menthe, celui de la Lavande qui m'abandonne quelques grains azurés, celui du Thym, de l'Eucalyptus, du Laurier Sauge...Le parfum très fort des fleurs des orangers du Mexique. Je salue l'arrivée tardive d'une fleur de Cosmos, félicite les magnifiques bouquets de Géranium pour leur tonicité face au froid et au vent, m' émerveille devant l'Olivier nain qui vient de donner naissance à deux olives, et j'en oublie, ma mémoire me joue des tours, encombrée par ces doses de Morphine, d'Opium et tant d'antalgique et d’analgésique, que je peine à évacuer...
Peu importe, bonjour la vie !